Allez de l’avant : L’élimination de la discrimination anti-LGBTIQ+ en Argentine

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Fernanda Rotondo est une féministe et activiste argentine œuvrant en faveur des LGBTIQ+ et des droits humains. Photo : ONU Femmes/Gala Abramovich.
7 février 2023

Fernanda Rotondo est une féministe argentine qui milite en faveur des LGBTIQ+ et des droits humains. Elle est aussi écrivaine et photographe, ainsi que coordonnatrice du genre et des droits humains pour le compte de l’organisation ANDHES (Avocats des droits de l’homme et des études sociales dans le Nord-Est de l’Argentine). Face à des politiques et des protections nationales incohérentes, Fernanda lutte pour faire progresser les droits humains des Argentins dans tout le pays et pour assurer un avenir sans violence pour toutes et tous.

Protections inégales

Bien que les progrès récents accomplis par le pays en matière de droits humains aient été « énormes », déclare Fernanda, tous les Argentins ne sont pas en mesure de les apprécier sur un pied d’égalité.

Chacune des 23 provinces du pays a sa propre constitution et ses propres lois, ce qui occasionne d’importantes disparités dans les politiques suivies et les prestations de services. « Plusieurs provinces ne comportent aucune législation visant à éliminer les inégalités et la violence basée sur le genre », explique Fernanda. Même dans les provinces où des politiques et des services de protection existent déjà, de nombreuses personnes ne peuvent y avoir accès.

Les politiques publiques portant sur la violence basée sur le genre ne sont pas complètes, et « les politiques existantes ne comportent pas de perspectives intersectionnelles et interculturelles », déclare Fernanda. Ces lacunes laissent les personnes telles que les LGBTIQ+, les femmes autochtones et les migrantes confrontées à des formes de discrimination conjuguées, auxquelles viennent s’ajouter des risques accrus de violations des droits et de violence.

« Les femmes trans, en particulier, continuent à être la cible de violence de correction [et] de transféminicide […] en raison de la haine qui s’exprime à l’égard de leurs identités et les expressions de leur genre », souligne Fernanda. « Elles vivent également dans des contextes de violence structurelle où leur accès au travail, à l’éducation et au logement est affecté, et où de plus elles subissent […] la criminalisation et des persécutions policières. »

Les événements mondiaux récents n’ont fait qu’exacerber les menaces envers les communautés marginalisées. Dans le sillage de la pandémie et dans le contexte de la crise économique en cours, « les secteurs conservateurs […] ont progressé de manière réactionnaire en Amérique latine, imposant des revers en ce qui concerne les droits des femmes et des filles et des communautés LGBTIQ+, et donnant lieu à des discours haineux », déclare Fernanda.

Stimuler la transformation

Le militantisme de Fernanda a été catalysé par son propre coming-out, qui a renforcé sa prise de conscience de « la discrimination et l’exclusion de l’école et de la famille que subissent les lesbiennes lorsque nous […] développons une identité politique et devenons visibles. »

En joignant ANDHES, une organisation de défense des droits humains qui opère dans les provinces de Tucumán et de Jujuy en Argentine, Fernanda travaille maintenant à faire progresser des politiques et des protections féministes intersectionnelles et dissidentes en faveur des femmes et des personnes LGBTIQ+. « Notre travail porte sur les obstacles auxquels les femmes cisgenres, lesbiennes et transgenres sont confrontées dans leur accès à la justice », déclare Fernanda.

Le groupe forme des conseillers juridiques communautaires, œuvrant pour une transformation sociale en « démocratisant [l’accès aux] outils juridiques techniques ». La dimension centrale de leur travail, souligne Fernanda, est constituée d’une « perspective intersectionnelle qui rend visibles […] les programmes et les demandes des mouvements autochtones et migrants ».

L’importance d’organisations telles que ANDHES est cruciale dans la stimulation de changements dans les politiques suivies, et Fernanda relève la responsabilité des États dans la création et l’élargissement des espaces destinés à la participation de la société civile. Elle note également l’importance de rendre des ressources accessibles à ces organisations, qui sont « souvent incapables d’accéder à certaines sources de financement en raison de leurs demandes élevées sur le plan administratif et de leur manque de flexibilité dans leurs besoins. »

Il y a également un rôle que peuvent jouer les individus : « Impliquez-vous au niveau politique et communautaire [en cultivant] l’empathie », déclare Fernanda. « Nous devons nous unir aux autres et les un(e)s aux autres. »

Tracer sa voie

Un monde exempt de violence basée sur le genre, déclare Fernanda, c’est ce pour quoi des générations de féministes et d’activistes LGBTIQ+ avant nous ont lutté – et nous avons, tant envers elles qu’envers nous-mêmes le devoir de terminer ce qu’elles ont initié. « Nos antécédentes féministes ont indéniablement tracé une voie que nous devons suivre », dit-elle.

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